Théologien de la vie mystique. Né à Liège (Belgique) vers 1075 et mort à l’abbaye de Signy (Diocèse de Reims) le 8 septembre 1148. Guillaume est né dans les environs de Liège vers 1075. Il était donc de 15 ans l’aîné de Bernard de Clairvaux, né en 1090. Il s’est instruit d’abord dans les écoles de la ville mosane, où il fit connaissance de Rupert moine de l’abbaye bénédictine de Tuy, puis plus tard dans l’école épiscopale de Reims. Il a quitté sa ville natale sans doute parce qu’il refusait de vivre sous la juridiction de l’évêque simoniaque Otbert, nommé en 1091 par l’empereur Henri IV. Comme Otbert s’est réconcilié avec le pape Urbain II en 1095, le départ de Guillaume se situe probablement avant cette date. Nous ignorons pendant combien d’années Guillaume a fréquenté les écoles de Reims. Sans doute longtemps, puisque sa formation scolaire est solide. En plus, il est très averti des problèmes théologiques de son temps. Il est certain toutefois qu’il s’est fait moine bénédictin à l’abbaye de Saint-Nicaise. Nous ignorons la date de son entrée dans la vie monastique. C’est comme moine de Saint-Nicaise qu’il a visité le jeune Bernard en 1118. Celui-ci venait d’entreprendre la fondation de Clairvaux. La rencontre a eu lieu, non pas à Clairvaux, mais dans la maison nommée: “Aux pois de senteur” située à Clément-Pré et appartenant à la noble dame Béatrice. (Lettre 118 de Bernard). Bernard y avait été relégué par l’évêque Guillaume de Champeaux et par l’abbé Étienne Harding de Cîteaux à la suite d’une grave maladie. La rencontre de Bernard et de Guillaume peut être considérée comme le début d’une grande amitié, à laquelle ils sont restés fidèles pendant toute leur vie. Guillaume a été élu abbé de Saint-Thierry (5 Kms au Nord de Reims) juste avant le carême de 1121. Il est resté abbé bénédictin jusqu’à 1135, malgré son grand désir de se faire cistercien comme son ami Bernard. Vers 1128 il y a eu une rencontre importante des deux abbés malades à l’infirmerie de Clairvaux. C’est à cette occasion qu’ils ont lu ensemble le livre biblique intitulé “ Cantique des cantiques”, ainsi que le commentaire de ce texte par Origène (mort en 252). Pendant cette lecture Bernard a révélé à Guillaume son expérience personnelle de la présence divine, inaugurant de cette façon toute la littérature de la vie mystique. En 1135, à l’âge de soixante ans, Guillaume a démissionné comme abbé de Saint-Thierry et s’est retiré dans un pauvre monastère nouvellement fondé à Signy. C’est à ce moment qu’il est devenu frère de Bernard dans l’orde cistercien. Vers 1145, il a fait un assez long séjour chez les chartreux du Mont-Dieu. Après son retour, il leur écrira sa célèbre “Lettre aux Frères du Mont-Dieu”, écrit dénommé plus tard par Mabillon : “Lettre d’Or”. C’est la même année 1145 que Guillaume a commencé à rédiger la Vie de Bernard, à l’insu de ce dernier évidemment. La postérité gardera le souvenir de Guillaume en tant que biographe de Bernard de Clairvaux bien qu’il n’ait pas poussé plus loin que l’année 1130, la mort l’empêchant de continuer. Guillaume est mort le 8 septembre 1148, cinq ans avant Bernard. Nous connaissons la date exacte grâce à dom Ganneron qui se réfère au calendrier du Mont-Dieu. Le corps de Guillaume fut enterré dans le cloitre, près de l’entrée de la salle capitulaire. Le 12 janvier 1215, on procéda à sa translation ainsi qu’à celle de Gérard d’Orchimont et Arnould de Morialmé en un lieu plus honorable : une châsse dans une arcade entaillée dans le mur du cloitre. Cette “élévation” équivalait à l’époque à une béatification. C’est de plein droit que le Père Joseph de Ghellinck s.j. a nommé Guillaume “le conseiller théologique” de Bernard. Celui-ci lui a dédié son Apologie ainsi que le traité “La Grâce et le libre arbitre” et c’est à la demande de Guillaume que Bernard s’est lancé dans la dispute avec Pierre Abélard. Père Paul VERDEYEN s.j. Prof. à l’Université d’Anvers